La nuit a été longue, hier, en Israël. Shimon Pérès était en effet donné vainqueur hier soir, avec une très courte avance. Mais ce matin, les Israéliens se sont réveillés avec un nouveau Premier Ministre, Benyamin Netanyahou. Seules quelques milliers de voix auront fait la différence. C'est la deuxième fois que Shimon Pérès connaît cette mésaventure électorale. En 1981, déjà, il avait été déclaré vainqueur, puis perdant de l'élection contre son adversaire d'alors, Menahem Begin.
Aujourd'hui donc, le onzième Premier Ministre de l'Etat d'Israël s'appelle Benyamin Netanyahou, le leader du Likoud. Cette élection, qui amène l'alternance, soulève beaucoup d'interrogations quant à l'avenir du processus de paix. D'autant qu'au sein du nouveau Parlement, élu également hier, le camp de la paix aura du mal à s'imposer. Certes le Likoud, comme le Parti travailliste perd quelques sièges à la Knesset, et c'est même le parti de Shimon Pérès qui en remporte le plus grand nombre (33 sièges contre 31, selon les chiffres de ce matin, la Knesset en compte 120). Benyamin Netanyahou devra donc composer pour former un nouveau gouvernement de coalition, et d'abord avec les petits partis. Ce sont eux, en effet, qui pèseront dans la balance, et en premier lieu les partis religieux. Or ces derniers sont certainement encore plus hostiles au processus de paix que le nouveau Premier ministre lui-même. Le parti des immigrants russes et le parti de la Troisième voie, composé d'anciens du Parti Travailliste, joueront également le rôle d'arbitre. A noter également que pour la première fois, un intégriste musulman, l'avocat du chef du Hamas, a été élu député.
Dès lors, quel avenir pour le processus de paix ? Benyamin Netanyahou a annoncé son crédo : la paix d'accord, mais la sécurité d'abord. Et s'il affirme qu'il ne remettra pas en cause la paix au Proche-Orient, l'idée d'un grand Israël, englobant les territoires palestiniens, ne lui déplaît pas non plus. Du côté palestinien d'ailleurs, Yasser Arafat n'a pas encore commenté le scrutin, attendant les résultats définitifs, et espérant, peut-être, un improbable deuxième coup de théâtre. L'autre inconnue vient du peuple palestinien. Avec Shimon Pérès, il s'était résigné à être patient, avec l'espoir de voir naître un jour un Etat palestinien. Le chef du Hamas lui-même avait appelé à suspendre les attentats jusqu'à la concrétisation finale des accords de paix. Mais aujourd'hui qu'ils ne sont plus sûrs de rien, les Palestiniens risquent de manifester clairement leur mécontentement.
Reste le cas des Américains. Bill Clinton avait affirmé sa préférence en soutenant publiquement le Premier Ministre sortant. Le rôle des Américains était apparu comme essentiel dans le processus de paix. Et la place des Etats-Unis sur la scène internationale est un argument de poids pour le candidat aux présidentielles américaines. Pour Bill Clinton, l'échéance, c'est en novembre prochain.
A CONSULTER : LES PAGES "SPECIALES ELECTIONS" DU JERUSALEM POST ON-LINE